D'après Wikipédia.
ERRO
La
Figuration narrative est un
mouvement artistique apparu,
principalement
dans la peinture, au début des
années 1960 en France, dans le cadre
du
retour à la nouvelle figuration et
en opposition à l'abstraction et aux
mouvements contemporains du nouveau
réalisme et du pop art, auquel elle
est néanmoins associée.
Il
faut éviter de la confondre avec la
narration figurative qui est un
genre de narration associant des
images à du texte.
Fondements
Le mouvement de la figuration
narrative n'a pas été structuré, en
particulier, par un manifeste mais a
cependant été théorisé par le
critique d'art Gérald
Gassiot-Talabot dans un ouvrage paru
en 1965. Il
s'agit d'un courant d'expression qui
restreint initialement le champ de
la nouvelle figuration en
considérant comme narrative toute
œuvre qui
se réfère à une représentation
figurée dans la durée, soit par la
circulation d'objets dans la toile,
soit par séquences, y compris sous
forme de polyptyques, et qui veut
généralement redonner à la peinture
une fonction politique et critique
de la société de consommation. Parmi
ses sources d'inspiration (cadrages,
montages, etc.) on compte la bande
dessinée, le cinéma, la
photographie, la publicité… en fait,
l'ensemble
des images du quotidien. Les thèmes
des œuvres sont rattachés le plus
souvent aux scènes de la vie de tous
les jours, ainsi qu'aux
revendications sociales ou
politiques.
La plupart des artistes de ce
mouvement furent marqués par les
thèses
gauchistes de Mai 68, en particulier
celles d'Herbert Marcuse, en
estimant que le potentiel subversif
de leurs œuvres devait tenir dans
leur dimension esthétique bien
davantage que dans un discours
explicite. Selon Marcuse, « plus une
œuvre est immédiatement politique,
plus elle perd son pouvoir de
décentrement et la radicalité, la
transcendance de ses objectifs de
changement ». Certains d'entre eux
revendiquèrent cette tendance, tels
que l'anti-franquiste Eduardo
Arroyo réfugié en France, Gérard
Fromanger, Erró, Gérard Guyomard,
Ivan
Messac, Sergio Birga, Henri Cueco.
Les
artistes de la figuration narrative
se sont ainsi opposés au pop
art américain qu'ils jugeaient trop
hégémonique, trop formel,
indifférent aux luttes politiques de
l'époque et pas assez critique de
la société de consommation, tout en
utilisant certaines expressions
formelles similaires.
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Historique
En 1962, la structure narrative apparaît
dans l’œuvre de certains
artistes comme Peter Klasen, présent à Paris
depuis 1959 (Douche,
1962), ou Hervé Télémaque (Le Voyage, 1962)
arrivé de New York quelques
mois auparavant. Ce dernier rencontre la
même année Bernard Rancillac
qui participe au Salon de la jeune peinture
avec ses camarades Eduardo
Arroyo, présent à Paris depuis 1958, Gilles
Aillaud et Antonio
Recalcati, réunis sous l'influence d'Henri
Cueco, lauréat du prix
Malborough en 1956, dans leur engagement de
contestation du pouvoir
capitaliste, ainsi que Peter Saul également
venu de New York.
Déjà en novembre 1960, la première
exposition des nouveaux réalistes
s'était tenue à Paris au festival
d'avant-garde et, en novembre 1962, à
la Sydney Janis Gallery de New York en
incluant la première exposition
collective des artistes du pop art
américain, théorisé la même année.
De mai à juin 1963, les autorités
américaines présentent ensuite pour
la première fois en Europe, à l'American
Center de Paris, l'exposition
« De A à Z » regroupant 31 artistes de la
jeune scène américaine du pop
art ; tandis que la première série d'œuvres
de Roy Lichtenstein, de
1961, basée sur la bande dessinée, est en
même temps exposée à la
galerie Ileana Sonnabend. Lors de la
troisième Biennale de Paris, tenue
fin septembre 1963 au musée d'art moderne de
la ville de Paris, Eduardo
Arroyo, tenant de la nouvelle figuration, se
fait alors connaître en
exposant son polyptyque Les Quatre
dictateurs5, une série de portraits
de dictateurs incluant Franco, qui provoqua
la protestation du
gouvernement espagnol.
Si l'expression « figuration narrative »
apparaît antérieurement, en
étant inspirée à Gassiot-Talabot par l'usage
de la séquence évolutive
chez le peintre et cinéaste d'animation
Peter Foldès (Lampe électrique
et papillon de nuit, 1948), la figuration
narrative obtient son
véritable acte de naissance avec
l'exposition « Mythologies
quotidiennes » organisée de juillet à
octobre 1964, à la demande de
Rancillac et de Télémaque, par Marie-Claude
Dane au musée d'art moderne
de la ville de Paris (MAMVP), et à laquelle
participa également,
Klasen, Arroyo, Recalcati, Jacques Monory,
Leonardo Cremonini, Jan Voss
et Öyvind Fahlström6. Cependant, au mois de
juin précédent, la nouvelle
école américaine venait d'être consacrée à
la Biennale de Venise par
l'octroi du grand prix à Robert
Rauschenberg, quelques jours seulement
avant l'ouverture de cette exposition au
MAMVP, ce qui en amoindrit
l'impact médiatique.
En octobre 1965, Gassiot-Talabot présente à
la galerie Creuze
l'exposition éponyme « La Figuration
narrative dans l'art contemporain
» où est exposé le polyptyque Vivre
et laisser mourir ou la fin
tragique de Marcel Duchamp d'Arroyo, Aillaud
et Recalcati, acquis en
2013 par le musée Reina Sofia de Madrid7,
qui constitue le manifeste de
ce mouvement. L'année suivante, l'exposition
« Bande dessinée et
figuration narrative » est montrée au musée
des arts décoratifs de
Paris.
Œuvres
collectives
Le mouvement préconisa également la
réalisation d'œuvres collectives,
notamment sous la forme de
polyptyques, utilisés à partir de
1963 par
Arroyo avec Les Quatre dictateurs ou
par Télémaque avec My Darling
Clementine. La première de ces
œuvres collectives, intitulée Une
Passion dans le désert, réalisée en
1965 par Arroyo, Aillaud et
Recalcati, est une série de treize
toiles inspirée d'une nouvelle de
Balzac, qui relate les amours d'un
soldat de Bonaparte en Égypte et où
chaque artiste avait la liberté de
modifier à sa guise le travail des
deux autres, afin d'abolir la «
facture personnelle », considérée
comme
base de l'idéologie bourgeoise de
l'art, au profit de l'anonymat,
conséquence du travail collectif.
Le
polyptyque Vivre et laisser mourir
ou la Fin tragique de Marcel
Duchamp, introduit par une copie de
son fameux tableau Nu descendant un
escalier et véritable manifeste des
intentions picturales du mouvement,
fut réalisé par les mêmes artistes
avec la collaboration de Gérard
Fromanger, mais aussi celle de
Francis Biras et Fabio Rieti pour la
reproduction des trois œuvres de
Marcel Duchamp qu'il comporte. Une
séquence de huit tableaux représente
l'assassinat de Duchamp par les
trois principaux peintres du
polyptyque, en s'attaquant ainsi à
l'art
conceptuel prôné par cette figure
emblématique de l'avant-garde,
symbole des falsifications
intellectuelles de la culture
bourgeoise qui
« anesthésie les énergies vitales et
fait vivre dans l'illusion de
l'autonomie de l'art et de la
liberté de création », tout autant
qu'aux
formes d'art qui s'en réclamaient
alors et qu'ils estimaient dévoyées,
comme le pop art et le nouveau
réalisme. Ainsi, dans la 8e et
dernière
toile, on voit les défenseurs
américain comme européen de ces deux
mouvements, Andy Warhol et Pierre
Restany, soutenir par l'arrière le
cercueil de Duchamp recouvert d'un
drapeau américain, en étant précédés
par Arman, Claes Oldenburg et
Martial Raysse et conduits par
Robert
Rauschenberg. La série divisa les 68
artistes invités à l'exposition «
La Figuration narrative dans l'art
contemporain » de la galerie Creuze,
où elle était présentée, en
suscitant une pétition hostile menée
par le
groupe surréaliste à laquelle se
joignirent Télémaque et Voss. En
1966,
Gerhard Richter, tenant également du
retour à la figuration, s'opposa
lui aussi à l'influence de Duchamp,
en évoquant la même œuvre de
celui-ci dans sa toile Ema, Akt auf
einer Treppe (Ema, nu sur un
escalier, Cologne, musée Ludwig),
manifeste de sa technique du flou
initiée en 1963 (Hirsch).
D'autres artistes, Henri Cueco,
Lucien Fleury, Gilt, Jean-Claude
Latil,
Michel Parré et Gérard Tisserand se
sont regroupés dans la coopérative
des Malassis10 de 1970 à 1977. L'une
des œuvres les plus importantes de
ce groupe est Le Grand Méchoui ou
douze ans d'histoire de France
(1972,
musée des beaux-arts de Dole)
composée de 50 toiles brocardant
l'action
du gouvernement et qui fit scandale
par l'action collective de son
décrochage, lors du vernissage de
l'exposition voulue par le président
de la République au Grand Palais,
dite « Expo Pompidou ».
En 1977, l'exposition « Mythologies
quotidiennes 2 » fut présentée au
musée d'art moderne de la ville de
Paris.
Eduardo Arroyo
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Mai
1968
Certains artistes du
mouvement,
regroupés en particulier au Salon de la jeune peinture
au début des
années 1960, ont tenu un discours militant marqué à
l'extrême gauche et
donnaient à leur art un objectif de transformation
sociale. Rancillac,
Arroyo, Aillaud, Fromanger et Cueco ont également
participé à L'Atelier
populaire de l'École des beaux-arts de Paris qui
produisait les
affiches de Mai 68. La fameuse affiche Nous sommes tous
des Juifs et
des Allemands représentant Daniel Cohn-Bendit12 serait
de Rancillac13,
auquel s'interressa Pierre Bourdieu. Les philosophes
Michel Foucault et
Gilles Deleuze commenteront également les œuvres de
Gérard Fromanger ;
tandis que Jacques Derrida analysera celles de Valerio
Adami, Louis
Althusser celles de Leonardo Cremonini, Paul Virilio
celles de Peter
Klasen et Jean-François Lyotard celles de Jacques
Monory.
La
cote
Après un premier
frémissement
en 2002, où Le Prince de Hombourg (1965) de Gérard
Fromanger obtient 61
000 euros, la figuration narrative est redécouverte à
partir de 2006
avec la vente du tableau One of 36 000 Marines (1965)14
d'Hervé
Télémaque, qui réalise son plus haut prix en atteignant
292 000 euros.
Une toile de Peter Saul de 1963, Ice Box est vendue chez
Christie's New
York pour 383 000 dollars (sans les frais). En 2007,
Comicscape (1971)
d'Erró a atteint 838 000 euros15 chez Christie's16.
Mélodie sous les
palmes de 1965, par Bernard Rancillac est vendue en 2012
pour 291 000
euros.
Une grande rétrospective
s'était en effet tenue en 2006 aux musées des beaux-arts
d'Orléans et
de Dole, intitulée « La figuration narrative dans les
collections
publiques », puis une seconde en 2008 au Grand Palais à
Paris, reprise
à l'Institut valencien d'art moderne de Valence.
Principaux
musées exposant des
œuvres de la figuration narrative
Genève,
Fondation Gandur pour l'art17.
La
Seyne-sur-Mer, Villa Tamaris.
Madrid,
musée Reina Sofia.
Nice,
musée
d'art moderne et d'art contemporain
Paris
:
musée
d'art moderne de la ville de Paris ;
musée
national d'art moderne.
Valence,
Institut valencien d'art moderne.
Peintres de la figuration
narrative
Edgard
Naccache (1917-2006)
Emanuel
Proweller (1918-1981)
Gianni
Bertini (1922-2010)
Jean-Marie
Martin (1922-2012)
Jacques
Monory (né en 1924)
Leonardo
Cremonini (1925-2010)
François
Jousselin (1926-2009)
Gilles
Aillaud (1928-2005)
Lucien
Fleury (1928-2004)
Öyvind
Fahlström (1928-1976)
Henri
Cueco (1929-2017)
Juan
Genovés (né en 1930)18
Bernard
Rancillac (né en 1931)
Gérard
Schlosser (né en 1931)
Atila
Biro (1931-1987)
Erró
(Gudmundur Gudmundsson, dit, * 1932)
Herman
Braun-Vega (né en 1933)19
Antonio
Segui (né en 1934)
Peter
Saul (né en 1934)
Valerio
Adami (né en 1935)
Michel
Bonnaud (1935-2008)
Peter
Klasen (né en 1935)
Vladimir
Veličković (né en 1935)
Christian
Bouillé (1948-2005)
Jan
Voss (né en 1936)
Gérard
Guyomard (né en 1936)
Michel
Tyszblat (1936-2013)
Charles
Pascarel (né en 1936)
Pierre
Dessons (né en 1936)
Hervé
Télémaque (né en 1937)
Eduardo
Arroyo (né en 1937)
Peter
Stämpfli (né en 1937)
Antonio
Recalcati (né en 1938)
Alain
Jacquet (1939-2008)
Gérard
Fromanger (né en 1939)
Sergio
Birga (né en 1940)
Carlo
Maiolini (né en 1940)
Equipo
Crónica (collectif, 1964-1981) :
Rafael
Solbès (1940-1981)
Manolo
Valdès (né en 1942)
Gian
Paolo Dulbecco (né en 1941)
Bernard
Morteyrol (né en 1942)
Frédéric
Brandon (né en 1943)
Cybèle
Varela (né en 1943)
Christian
Babou (1946-2005)
Ivan
Messac (né en 1948)
Alain
Pedrono (1951-1999)
Gérard Fromanger
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