Adrienne Picard - Magnifique vase en céramique - Art Déco - 1930

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Vendeur: peint007 ✉️ (155) 100%, Lieu où se trouve: maison, FR, Lieu de livraison: EUROPEAN_UNION, Numéro de l'objet: 285787786740 Adrienne Picard - Magnifique vase en céramique - Art Déco - 1930. Adrienne Picard - Magnifique vase en céramique - Art Déco - 1930. Hauteur: 20 cm Très bon état

Le 25 juillet 1890, les Picard, habitants de Givors, accueillent un nouvel enfant, Adrienne. La petite fille grandit au sein de cette famille d'industriels céramistes qui déménagent à Roanne en 1905, pour reprendre la poterie Augoyard et Perron, située quai du Bassin. À l'âge de 18 ans, elle part étudier le dessin à Lyon et entre, en 1911, aux Beaux-Arts, où elle remporte de nombreux prix et médailles pour son travail talentueux.

Elle intègre au terme de ses études l'atelier du maître peintre-verrier Paul Nicod, qui réalise principalement des vitraux. Cet emploi lui offre la possibilité de travailler notamment pour sa famille, habitant une maison au 14 avenue Gambetta, à Roanne. Mais de nombreux problèmes règnent dans ce milieu, les mentalités sont mauvaises et les salaires bas. Adrienne décide de quitter la structure pour aller vivre à Paris. Elle rejoint alors les Ateliers d'Art Sacré, créés par Maurice Denis et Georges Desvallières, où l'on apprend à de jeunes artistes à travailler l'art sacré sous de nombreuses formes telles que la sculpture, la peinture ou encore les vitraux, domaine dans lequel Adrienne excelle.

Une tenue excentrique  pour l'époque

Mais les origines de la jeune femme la rappellent à la céramique, et elle prend conscience qu'elle souhaite la travailler artistiquement. Elle réalise alors un stage à la Manufacture nationale de céramique de Sèvres, où elle acquiert de précieuses techniques, puis rentre à Roanne. Son objectif est de créer un atelier de céramique d'art à l'usine familiale. L'entreprise, relancée en 1905 à l'arrivée des Picard à Roanne, avait été transférée au Coteau, où elle s'était implantée en 1915 sous le nom de « Manufacture des grès et produits céramiques du Roannais ». On y produit alors des articles de ménage – plats, casseroles, pots, cafetières, etc. – ainsi que des « grès chimiques » destinés à un usage industriel, à savoir de grandes jarres, des robinets, des serpentins ou encore des alambics.

Son style est particulier, mais correspond exactement à celui de son époque : l'art-déco

Adrienne revient donc pleinement à Roanne en 1922, et habite dans une grande pièce attenante à la maison familiale, spécialement construite pour elle. Elle y trouve tout ce dont elle avait besoin pour travailler, et cet atelier est même équipé d'une chambre noire pour développer les photographies que la jeune trentenaire aime prendre. À l'usine du Coteau, on lui a attribué un petit local dans lequel elle conçoit et dessine des vases, vasques, jarres, pichets, cendriers, vide-poches ou encore des fontaines. Son style est particulier, mais correspond exactement à celui de son époque : l'art-déco. Les œuvres dessinées sont fabriquées dans le grand atelier avec l'aide d'ouvriers dirigés par l'artiste, et décorées à l'aide d'émaux car Adrienne en possède une collection immense et variée, et dont elle maîtrise parfaitement l'utilisation.Le médaillon au faucon sur l'immeuble du Docteur Fauconnier.

Trois réalisations encore visibles

Cette artiste est une femme très indépendante, qui sillonne Roanne sur sa bicyclette mixte, souvent vêtue d'une tenue assez excentrique pour l'époque : une jupe-culotte avec une veste de tailleur sur un chemisier et une cravate, complétés par un béret et de hautes bottes rouges. Elle est très appréciée de tous, intégrée dans la vie culturelle et artistique roannaise, décrite comme dévouée et toujours au service de ses proches. Elle a ainsi ravitaillé sa famille à l'aide de son vélo et de sa remorque durant la Seconde Guerre mondiale. Elle affectionne également la beauté de la nature qu'elle aime dessiner.

On peut apercevoir trois de ses réalisations dans les rues de Roanne. La première est la fontaine située à l'extrémité de la place des Promenades Populle. Lorsque deux passages à niveau sont supprimés au début des années 1930, on construit en 1934-1935 un escalier monumental, qu'Adrienne Picard ornemente d'une fontaine en céramique bleue et de deux vases en grès. Si la fontaine est toujours visible et a été restaurée il y a une dizaine d'années, les vases ne sont plus présents, l'un cassé et l'autre conservé au musée Déchelette.Céramique - La célèbre fontaine de la place des Promenades Populle avec les deux vases aujourd'hui retirés.

Les deux autres œuvres d'Adrienne Picard sont le fruit d'un travail avec l'architecte moderniste roannais Pierre Balp. Il s'agit tout d'abord des grands vases de style Ruhlmann qui décorent la façade de l'ancienne Caisse d'Épargne, rue Brison, réalisés en 1936. On peut aussi voir un médaillon représentant un faucon sur la façade de l'immeuble du Docteur Fauconnier, à l'angle de la rue de Mably – aujourd'hui rue Alexandre-Roche – et de la route de Paris, datant de 1939.

L'art d'Adrienne Picard s'exprime aussi dans le domaine du sacré, avec des réalisations dans la chapelle de l'institution Sainte-Marie à Saint-Chamond, ou au Monastère de Bethléem, à Paray-le-Monial. Mais elle a surtout créé de nombreuses œuvres dans le cadre de commandes privées, car elle avait un grand succès auprès de la bourgeoisie roannaise. Certaines sont aujourd'hui conservées au musée Déchelette.Vases - Les vases situés sur la façade de l'ancienne Caisse d'Epargne.

La fin de la vie d'Adrienne Picard fut difficile, ponctuée de périodes de dépression et d'internements dans un hôpital de Caluire où elle était soignée avec des électrochocs. Le dessin lui permit de s'évader et elle s'éteignit en 1963 à l'hôpital de Roanne, au terme d'une douloureuse maladie.

Rémi Charrondière

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