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Shirley Jaffe est une peintre abstraite américaine, née Sternstein le 2 octobre 1923 à Elizabeth (États-Unis) et morte le 29 septembre 2016 à Paris.
Ses premiers travaux s'apparentent à l'expressionnisme lyrique et c'est à partir du milieu des années 1960 qu'elle se rapproche de l'art abstrait[1]. Cette évolution d'une peinture gestuelle vers une tendance plus géométrique fut au départ accueillie avec beaucoup de prudence par le monde de l'art mais son approche si singulière de la peinture est par la suite saluée par la critique[2]. Elle a vécu la plus grande partie de sa vie à Paris[3].
Biographie
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Shirley Jaffe est née à Elizabeth dans le New Jersey, de Benjamin et Anna Sternstein. Son père dirige une usine textile et meurt lorsque Shirley n'est âgée que de dix ans. Elle déménage alors avec sa mère à Brighton Beach à Brooklyn, où elle est scolarisée au lycée Abraham Lincoln. Shirley Jaffe a étudié les beaux-arts à la Cooper Union à New York, laboratoire de l’expressionnisme abstrait[4], et en sort diplômée d'un bachelor en 1945[1].
Après son mariage avec Irving Jaffe, ils s'installent à Washington, où Shirley Jaffe étudie à la Philips Art School. En 1949, son époux, correspondant de la Maison-Blanche pour l'Agence France-Presse, est transféré au bureau parisien de l'agence. Ensemble, ils s'installent à Paris en octobre de la même année[1],[2],[5].
Shirley Jaffe rejoint le cercle d'artistes américains expatriés à Paris comprenant notamment Sam Francis, Ellsworth Kelly, Joan Mitchell. Elle s'installe dans un premier temps à Chaville, puis dans le quartier de Montparnasse grâce à son ami le peintre Jean-Paul Riopelle. Elle produit des peintures, des sérigraphies et des gouaches[6]. Elle expose régulièrement depuis 1952, en Europe et aux États-Unis. En 1956, la Galerie du Haut-Pavé organise sa première exposition personnelle à Paris. Sam Francis lui présente son marchand Jean Fournier, qui s'intéresse au travail de Shirley Jaffe et commence à exposer ses toiles. Il lui consacre une première exposition personnelle dans sa galerie en 1966.
Shirley Jaffe ne tarde pas à se faire connaître comme expressionniste abstraite, pratique dont elle se sépare en 1963-1964, après avoir séjourné à Berlin grâce à une bourse de la Ford Foundation. Cette rupture dans son œuvre intervient peu après son divorce en 1962. Elle confie au magazine BOMB en 2004, à propos de cette période, avoir le sentiment que ses peintures étaient lues comme des paysages (la critique des années 1950 employait parfois le terme de « paysagisme abstrait »), ce qu’elle rejette[2]. Et comme Vassily Kandinsky avant elle, l’un de ses maîtres revendiqués, elle passe d’une pratique gestuelle à une peinture plus géométrique[7]. Cette coupure radicale modifie de manière fondamentale sa peinture, et l’éloigne d’une action « gestuelle » qu’elle remplace par l’inclusion du mouvement dans les formes[8].
Après Berlin, elle retourne à Paris, et ne cesse dès lors de développer un travail original, fondé sur la synthèse entre deux pratiques qui peuvent paraître antinomiques : l'application gestuelle et lyrique de la peinture et l'abstraction géométrique. L'ensemble des formes aux contours nets qu'elle répartit dans ses œuvres apparaît ainsi, selon ses propos, comme « un chaos organisé, comme un jeu visuel complexe… »[9], inspiré de son environnement urbain immédiat[10].
Cette Américaine de Paris est morte le 29 septembre 2016, des suites d'une longue maladie à l'âge de 92 ans[11].
Œuvre
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L'œuvre de Shirley Jaffe se caractérise par une vitalité franche et un sens du rythme, qui la rapproche de la peinture de Bridget Riley. Sa palette est audacieuse mais sourde avec ses vieux roses et ses jaunes pâles qui regardent les ocres, les turquoises et les moutardes, où le blanc est le liant du seul plan existant et non pas un fond. C'est cette netteté des motifs, leur joie qui fait de la résistance aussi, qui évoque le plus les papiers découpés d'Henri Matisse[11].
La Galerie Jean Fournier expose l'artiste de 1966 à 1997. Elle voyage régulièrement en Europe pour y présenter son travail notamment à Berne et à Bâle. En 1999, elle est ensuite représentée par Nathalie Obadia, à Paris et par Tibor de Nagy[12], à New York[11].
L’œuvre de Shirley Jaffe est présente dans de nombreuses collections publiques et privées, notamment au MoMA (Museum of Modern Art, New York), au SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), au Centre Pompidou (Paris), au MAC/VAL (Vitry), à la Fondation Cartier pour l'art contemporain (Paris), au Museum Berardo (Lisbonne), ou dans les collections du FRAC Auvergne, du FRAC Bretagne et du FRAC Limousin.
À la suite d'une commande de l’État, elle produit en 1999 une série de neuf vitraux pour la chapelle gothique Saint-Jean-l'Evangéliste de Perpignan, dite la Funéraria[13],[14]. Les deux verrières dont elle a conçu les cartons ont été pensées avec le souci de respecter et de mettre en valeur l'identité architecturale de la chapelle, classée monument historique[9].
Considérée comme un des peintres les plus influents de l’art contemporain abstrait, elle suscite l’attention de plus en plus vive de la part d’artistes de plus jeunes générations, comme Fiona Rae, Bernard Piffaretti, Peter Soriano ou Carole Benzaken[10].
Expositions personnelles
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1956 : Galerie du Haut-Pavé, Paris
1959 : Galerie Kormfeld et Klipstein, Berne
1961 : Galerie Handschin, Bâle
1966 : Galerie Jean Fournier, Paris
1969 : Galerie Jean Fournier, Paris
1972 : Galerie Jean Fournier, Paris
1976 : Galerie Jean Fournier, Paris
1981 : Musée Savoisien, Chambéry
1981 : Centre d'Art de Flaine, Haute Savoie
1982 : Galerie Jean Fournier, Paris
1985 : Galerie Jean Fournier, Paris
1987 : Fondation Cartier pour l'art contemporain, Jouy-en-Josas
1988 : Aspects of abstraction, Holly Solomon Gallery, New York
1989 : Château de Jau à Cases-de-Pène
1990 : Galerie Jean Fournier, Paris
1990 : Holly Solomon Gallery, New York
1991 : FRAC Limousin, Brive
1992 : Musée de Valence
1992 : Holly Solomon Gallery, New York
1993 : Galerie Jean Fournier, Paris
1994 : Galerie Brigitte Weiss, Zurich
1994 : Ecole des Beaux-arts du Mans
1994 : Galerie Therèse Roussel, Perpignan
1994 : Galleria Peccolo, Livrono
1995 : Musée Matisse, Nice
1997 : Galerie Jean Fournier, Paris
1998 : Galerie Brigitte Weiss, Zurich
1999 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
1999 : Espace Maillol - Palais des Congrès, Perpignan
1999 : Musée d'art moderne de Céret, Céret
2001 : Y’a de la Joie, Fondation d'art contemporain Daniel et Florence Guerlain , Les Mesnuls
2001 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
2002 : Tibour de Nagy Gallery, New York
2004 : Peinture, Galerie Fernand Léger, Ivry-sur-Seine
2004 : MACC, Fresnes
2005 : Peintures récentes, Tibor de Nagy Gallery, New York
2004 : Galerie Jean-Yves Franch Font
2006 : Galerie Greta Meert, Bruxelles
2008 : Exposition peintures, domaine de Kerguéhennec, Bignan
2008 : FRAC - Auvergne, Clermont-Ferrand
2008 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
2008 : Domaine de Kerguéhennec, Bignan
2011 : Galerie Greta Meert, Bruxelles
2013 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
2013 : Galerie Réjane Louin, Locquirec
2016 : Centre d'art contemporain, Châtellerault
2022 : Shirley Jaffe, une américaine à Paris, Centre Georges Pompidou, Paris[15]